Blueberry Origins...
La jeunesse de Blueberry (scénario de Jean-Michel Charlier, dessin de Jean Giraud, éditions Dargaud ; scénario de François Corteggiani, dessin de Colin Wilson et Michel Blanc-Dumont, éditions Novedi, Alpen Publishers et Dargaud)
Wahou ! Comment prétendre que l'on est fan de BD western sans avoir chroniqué, en quatre ans, les aventures du Lieutenant Blueberry ? Impensable ! Heureusement, voilà la faute réparée ! Bien entendu, j'aurai pu commencer par la série principale consacrée à Blueberry, la première que Jean-Michel Charlier ait scénarisée et que Jean Giraud ait mise en image dès 1963 dans le magasine Pilote... J'aurai pu, certes (et cela viendra en son temps, croyez-moi...). Mais autant commencer "historiquement" par le commencement, et découvrir comment le jeune Mike Donovan, fils d'un planteur du Sud, est devenu - en 1861 - Mike Steve "Blueberry", clairon d'un régiment de cavalerie de l'Armée Fédérée.
D'autant que ces premières aventures (imaginée dès 1968 et "albumisées" à partir de 1975) ne constituent pas un gadget superfétatoire. Elles éclairent vraiment le caractère et les ressorts intimes du lieutenant le plus insolent et indiscipliné de la cavalerie américaine. Dans La jeunesse de Blueberry, on découvre également que notre héros a toujours eu une propension marquée pour se retrouver impliqué dans des situations toutes plus compliquées et dangereuses les unes que les autres. On peut dire que les meurtres crapuleux, les chasses à l'homme épuisantes, les missions suicides, les quiproquo intenables et les haines tenaces pleuvent autours de Mike S. Blueberry comme les balles de revolver à OK Corral ! Pour vous forger un caractère, ça, ça vous forge un caractère !
Et autant avouer que notre plaisir de lecteur est proportionnel aux ennuis (pour rester poli) que rencontre Blueberry... qui est exactement le même plaisir que l'on éprouve lorsqu'on s'offre un bon film de western de la période classique (John Ford et consorts). Mais attention, si vous retrouverez bien entendu dans La jeunesse de Blueberry (comme dans les trois autres séries, du reste) tous les poncifs du genre, il faut reconnaître que l'approche de Jean-Michel Charlier était remarquablement novatrice à l'époque (1968). La complexité croissante de Blueberry tranche avec les postures relativement caricaturales des héros de far-west de l'époque, sans parler de ses rapports avec les minorités ethniques.
Bref, si vous aimez le western classique mais jamais mièvre, cette série est faite pour vous, d'autant qu'elle a l'autre avantage d'introduire la mythique série Lieutenant Blueberry qui est encore (à mon goût) un cran au-dessus !
A lire : la page Facebook de La jeunesse de Blueberry (et devenir fan !)
Pour aller un peu plus loin : "Le western dans la bande dessinée européenne" par Gilles Ciment
Attention : cette chronique s'inscrit dans le Challenge BD lancé par Mr ZOMBI et auquel participe IDDBD !