Histoire de fantôme...
Journal d’un fantôme (scénario et dessins de Nicolas de Crécy, Futuropolis, 2007)
Quand Nicolas de Crécy sort un nouvel album, une surprise au détour de chaque case est à prévoir. No exception pour cette fois !
Dans Période Glaciaire, album dédié au Louvre, un groupe d’explorateur redécouvrait le continent perdu d’Europa et imaginait à travers les peintures du plus célèbre des musées du monde la vie des gens d’autrefois.
Là encore, Nicolas de Crécy part à la découverte d’un ailleurs. Ailleurs géographique entre Japon et Brésil, ailleurs graphique entre dessin réaliste et formes naïves et ailleurs narratifs tant son histoire ne ressemble à rien de connu (enfin dans les limites de ma propre connaissance). Mais bon, depuis le Bibendum céleste on est un peu habitué avec lui.
Dans Période Glaciaire, le héros était un chien-cochon, animal génétiquement modifié. Ici, son personnage est un dessin en recherche de ligne. Ce dessin est partit au Japon avec son manager (un type grossier qui ne pense qu’au sexe) pour s’inspirer des graphistes japonais. Dans une première partie sympathique, une galerie de personnages défile sous nos yeux, plus que de dessins, c’est de relations humaines qu’il s’agit. Les états d’âme du dessin sont parfois drôles, sincères, dures ou tendres et son graphisme évolue sous nos yeux.
Mais c’est véritablement dans la seconde partie de l’album que l’histoire prend tout son sens. Dans l’avion du retour, le dessin est assis à côté d’un étrange personnage claquant des dents par peur de l’avion, auteur de BD et grand bavard par obligation aéro-pathologiques. A partir de cet instant, l’album se transforme peu à peu en carnet de voyage et le dessin devient l’outil du discours, le média entre l’auteur et le lecteur.
Non, ne le cachons pas, Nicolas de Crécy n’est pas un auteur "simple" ou "facile à lire" ! Mais dans cette autobiographie déguisé où il se représente en double (il est le dessin et l’humain, les deux côtés d'un même personnage) il fait preuve d’un énorme talent de narrateur. Métaphore de la création artistique, réflexion sur l’importance du dessin, sur la façon de raconter des histoires, sur la part du rêve, du ressenti ou des relations humaines, ce carnet personnel de Nicolas de Crécy est à l’image de son rédacteur : touchant, humain, déconcertant, bref brillant ! Un magnifique album où chaque page est une découverte, chaque dessin une leçon, bref, que du bonheur en 220 planches (je sais c’est un pavé mais ça mérite le détour). A dévorer sur place !
A voir : 11 planches sur BDGest’