Les derniers des mohicans
Île Bourbon 1730 (scénario d’Appolo, dessins de Lewis
Trondheim, Delcourt, Collection Shampooing, 2007)
Le chevalier Despentes, ornithologue de la société des
sciences de Paris, et son assistant Raphaël Pommery, débarque en 1730 sur l’île
Bourbon (la future île de La Réunion) avec pour ambition, pour le premier de
découvrir le dernier des dodos, pour le second devenir un pirate. Mais comme l’animal,
les légendaires pirates sont sur le point de disparaître. En effet, La Buse, le dernier grand
capitaine pirate vient d’être capturé et est sur le point d’être pendu. Sur cette île,
Raphaël va découvrir des vieux pirates sans épée devenu esclavagistes ou guide, des esclaves révoltés et qui
sait… peut-être le trésor de La Buse ou le dernier dodo vivant.
Si vous ouvrez ce livre pour des histoires de pirates,
refermez-le, vous n’y trouverez pas Jack Sparrow. En 1730, il est mort depuis
longtemps où est devenu guide pour ornithologue. Les loups ont perdu leurs
dents et l’ultra-réalisme prend le pas sur les idéaux ou les rêves de liberté. Esclavage,
politique et argent remplacent mythes et épopées. Tout au long de cette
histoire passionnante, on cherche les pirates comme le chevalier Despentes
cherche le dodo. Si ils peinent à se montrer, on découvre en revanche la vie d’une
société insulaire qui n’a, à part des liens économiques, rien à voir avec la
métropole. Appolo, ancien prof de lettres, réunionnais d’adoption, scénariste
du déjà très remarqué La Grippe coloniale (s'il vous plaît, la suite de
cette œuvre géniale), a vraiment réunit une documentation digne d’un historien
pour bâtir ce récit. Pour preuve les notes à la fin de ce petit pavé de 300
pages. Il signe ainsi, pour notre plus grand plaisir (en tout cas le mien) un
album passionnant de bout en bout, riches de personnages drôles, émouvants,
méchants, cyniques, qui éclate comme une déclaration d’amour à son île. Rien de
spectaculaire mais une histoire bien racontée, cohérente, sensible. Et puis, n’oublions
pas que la légende et le rêve n’est jamais tout à fait mort même dans ce royaume.
J’allais presque oublier le dessin de Lewis Trondheim. Un peu de zoomorphologie, quelques paysages splendides, du noir par ici, du blanc par
là et voici 270 planches superbes qui suffisent à donner un corps à ce récit. Comme
quoi le dessin c’est facile !
Bref, pour moi, l’un des albums incontournables du début d’année ! A ne
pas manquer !
A lire : la critique de sceneario.com
A lire : la critique de planeteBD.com qui n’est pas d’accord
avec moi sur la qualité du dessin.
A vous de vous faire une idée : (je veux bien votre avis)
Les premières planches sur le site de Delcourt et des planches sur BDgest’