Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
iddbd
25 février 2006

Donjon Potron-Minet (scénarios de Joann Sfar et

potron1Donjon Potron-Minet (scénarios de Joann Sfar et Lewis Trondheim, dessins de Christophe Blain, couleurs de Walter, aux éditions Delcourt)

Nous continuons notre ballade en Terra Amata, cet univers aventureux-fantastique créé par les compères Sfar et Trondheim. Cette fois-ci, c'est Christophe Blain qui prend les pinceaux pour nous entraîner du côté d'Antipolis, la capitale, énorme cité rongée par le vice et la corruption. Envoyé par son père, le jeune et naïf Hyacinthe de Cavallère y débarque  chez son oncle, le comte Frolotte, un des personnages les plus influents (et les plus corrompus) de la ville. Le petit provincial - plein d'un idéal chevaleresque dépassé - va y découvrir l'injustice et l'amour, et se transformer en une sorte de justicier maladroit en diable dénommé "la chemise de la nuit" !

A partir de là, les aventures s'enchaînent à un rythme endiablé, entre capes et épées, cavalcades nocturnes sur les toits d'Antipolis et tavernes enfumées, jeunes filles en fleurs (Horthense, Elise...) et maîtresse femme amorale (Alexandra)... Et si, au milieu de tout ce tumulte, Hyacinthe ne renonce pas à son idéal de justice ("Soyez sans crainte, fidèle Horthense, si je me bats c'est pour le vrai, le bien et le beau, pour que l'exemple de mes vertus rende cette ville d'Antipolis plus respirable... pour le panache, Horthense."), il devra choisir entre la douce Elise, sa compagne d'étude, et la fascinante Alexandra, croqueuse d'hommes et d'or...

potron2Etrangement, je vois poindre en vous l'inquiétude... Quel rapport entre ce romanesque récit "à la Alexandre Dumas" et les héroïques épopées médiévales fantastiques du Donjon Zenith et Donjon Parade que nous avons découvertes les semaines précédentes ?

Dans des lieux aussi divers qu'Antipolis (tome -99 : La chemise de la Nuit), le château de son père (tome -98 : Un justicier dans l'ennui) et d'autres villes de Terra Amata (Necroville, Zaumatauxine... dans le tome -97 : Une jeunesse qui s'enfuit), et au milieux d'une foule de personnages hallucinants (des lutins, des brous, sortes de boucs-loups garous, Jean-Michel, un chat crapuleux...), le tourbillon des aventures rocambolesques de Hyacinthe de Cavallère est en fait toute la jeunesse du Gardien du Donjon !
On assiste ainsi à sa rencontre avec Alcibiade et Horous, jeunes étudiants comme lui ! On apprend d'où lui vient sa légendaire pipe (et son fabuleux tabac...) ! Et bien d'autres détails encore qui éclairent d'un jour nouveau toutes les autres aventures du Donjon !

potron3A la lecture de Donjon Potron-Minet, vous commencerez donc à entrevoir l'étendu du monde de Terra Amata et de l'imagination de ses créateurs. Répétons-le pour les incrédules et les sceptiques : Sfar et Trondheim ont mis à jour un univers d'une richesse et d'une cohérence digne de celui de la Terre du Milieu, rien que ça. Et comme ils savent s'entourer de bons, de très bons, de très très bons compagnons dessinateurs (Larcenet, Blain...), le résultat est tout simplement stupéfiant, réjouissant et généreux ! Généreux ? Bien entendu : comment pourrait-il en être autrement lorsque l'on sait que Donjon Potron-Minet a été inventé pour permettre à Christophe Blain de collaborer à l'aventure Donjon ! Et puis, on y retrouve les petites touches de philosophie que l'on aime chez tous les auteurs qui ont traîné du côté de l'Association (le comte Florotte, répondant à son intendant à l'occasion du carnaval d'Antipolis : "Si tu savais comme je m'en fiche, mon bon Jean-Michel. Cette débauche d'effets visuels dépourvus de signification m'ennuie chaque année un peu plus. - Mais regardez, Monsieur le Comte, les gens sont très contents. - Vois-tu, Jean-Michel, c'est ce qui m'inquiète le plus" ou Hyacinthe à son père :"Les gens de ce monde moderne considèrent leurs semblables comme des outils, l'homme est pour eux un moyen, non une fin en soi. Cela laisse bien peu de place pour l'honneur, l'élégance et le panache"). Bref, quand humour rime avec intelligence...

A lire (indispensable !) : la critique de Loleck et surtout la réponse et les commentaires de Joann Sfar (himself !).

Publicité
Publicité
Commentaires
iddbd
Publicité
Archives
Publicité